APPEL À DONS POUR UNE MISSION DE DÉMONSTRATIONS ET DE FORMATION À L’UTILISATION DE LA KASSINE AU SÉNÉGAL

Deux voyages au Sénégal déjà réalisés (2019 et début 2025) ont permis d’avoir une bonne appréciation de la situation agricole du pays et de l’utilisation actuelle de la traction animale (animaux et matériels). Le constat est que la traction animale est très fréquemment utilisée, mais souvent avec du matériel vétuste ou de mauvaise qualité, peu polyvalent.
La Kassine présentée en mots et en images en janvier 2025 par un de ses utilisateurs bretons a suscité un vif intérêt auprès des paysans et des organismes de développement agricole.
C’est pourquoi le voyage de cet hiver se fera accompagné d’une « vraie » kassine pour une série de démonstrations et le début de la formation de futurs formateurs à son utilisation.
Pour financer cette première kassine Sénégalaise, nous faisons appel à votre soutien.
Plus de détails sur ce projet ci-dessous
HISTORIQUE ET ÉTAT DES LIEUX
C’est en effet au Sénégal que Jean NOLLE a conçu et mis au point la Houe Sine, l’un des deux ancêtres de la Kassine avec le Kanol, propulsée par des programmes successifs de soutien à l’agriculture par les autorités sénégalaises dès 1958, dans l’objectif d’augmenter les rendements en mécanisant les pratiques grâce à une énergie animale disponible en abondance sur tout le territoire encore aujourd’hui. Pour se représenter l’ampleur de ces programmes, il faut considérer que ce sont pas moins de 340 000 houes de culture attelée (houes Sine J. Nolle et houes occidentales Ulysse-Fabre) qui ont été fabriquées et déployées à travers le Sénégal entre 1958 et 1985, soit près d’1 houe pour 10 actifs agricoles ou pratiquement une unité par ménage agricole. À cela, il convient d’ajouter les 312 000 semoirs attelés monorang Ulysse-Fabre « Super Eco », les 88 500 souleveuses d’arachide et les 64 500 charrues Huard UCF,sans compter des dizaines de milliers de charrettes. Ceci dans un contexte où la surface cultivée en traction animale est de l’ordre de 5ha pour ceux relevant de la catégorie officielle des Petits Paysans, soit une surface considérable.
Longtemps demeurée orientée vers les cultures de rentes et d’exportation que sont l’arachide et le coton, l’agriculture sénégalaise se restructure progressivement au profit des cultures céréalières (riz, mil, sorgho, maïs) et autres destinées au marché national, à mesure que les programmes se succèdent, dans un contexte où les autorités sont de plus en plus préoccupées par la dépendance alimentaire du pays, laquelle s’accroît à mesure que la population augmente et ce de manière exponentielle. Aujourd’hui, le Sénégal importe 70 à 80 % des denrées alimentaires consommées dans le pays. En cause le maintien d’1/3 des surfaces de cultures pluviales emblavées en cultures de rente ou destinées à l’export, la réduction des budgets alloués à l’agriculture faute de finances publiques, mais aussi l’état général du parc matériel de culture attelée.
Bien que le gouvernement subventionne aujourd’hui encore l’acquisition de matériels agricoles dont la Houe Sine fabriquée localement à échelle industrielle, l’accès aux aides publiques, outre leur enveloppe limitée, connaît de nombreuses difficultés d’ordre logistique et administratif. Le résultat est que le parc date pour l’essentiel de la fin des années 1980, et qu’il a donc globalement sombré dans un état de vétusté alarmant. Non seulement il est loin d’être renouvelé à la hauteur des enjeux, mais il souffre avant tout d’une absence criante d’innovations et d’un déficit chronique de matériels de qualité qui maintiennent les paysans dans la stagnation, celle des rendements, celle de la productivité, celle des revenus agricoles, qui conduit encore et toujours à un recours massif au travail manuel faute de moyens techniques adaptés, abordables et maîtrisables, et plus grave encore, au désintérêt croissant de la jeunesse pour l’agriculture, à l’exode rural sinon à l’exil, lequel lui vaut de nombreuses victimes. Ceci alors même que le Sénégal cumule de nombreux atouts pour sortir le pays de la dépendance alimentaire et aller de l’avant : un savoir-faire historique en matière de culture attelée, une présence abondante en énergie animale et de tous les corollaires qui permettent de la mettre en œuvre, des terres fertiles et des parcelles mécanisables pour la plupart, la prépondérance des systèmes de polyculture-élevage, un approvisionnement en matières premières de qualité pour la fabrication de matériels performants grâce au port de Dakar, des forgerons qualifiés, de solides fédérations de producteurs, une démarche volontariste des autorités à développer et accompagner l’agroécologie, et l’existence d’une entreprise historique de fabrication de matériels à traction animale de qualité, la SISMAR, qui produit encore aujourd’hui des Houes Sine subventionnées à 70 % par le gouvernement.
MISSION SÉNÉGAL 2025
Du 10 au 25 Janvier 2025, je me suis rendu au Sénégal en tant que bénévole pour PROMMATA International (PI), après avoir lancé un appel aux acteurs du monde agricole et rural sénégalais. Ce séjour s’inscrit dans la continuité d’une première visite qui s’est déroulée un an plus tôt en lien avec un paysan implanté dans le Bassin Arachidier (Centre ouest du pays) et au cours de laquelle j’avais pu développer une première approche du contexte agricole local, et constater l’intérêt que pourrait représenter l’introduction de la Kassine, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui constitue une exception en ceci qu’il pratique la culture attelée depuis bientôt 70 ans.
Ce séjour et le rapport de mission qui s’en est suivi s’inscrivent également dans la continuité du rapport très détaillé « État des lieux du matériel agricole en Traction Animale dans deux zones du Sénégal : Le Bassin Arachidier et la Zone Cotonnière » élaboré en 2019 par Léa Grohens, alors stagiaire à PROMMATA International et étudiante en 2ème année d’ingénieur à SupAgro Montpellier, dans le cadre de son mémoire de spécialité Développement Agricole et Rural au Sud supervisé par Philippe Lhoste, zootechnicien tropicaliste au CIRAD durant de nombreuses années et aujourd’hui administrateur de PI.
Les objectifs essentiels de ma mission de Janvier 2025 ont donc consisté à faire un état des lieux général de la situation du pays et de l’agriculture en particulier, d’établir un réseau de futurs partenaires avec lesquels envisager l’introduction de la Kassine au Sénégal, et de cerner les conditions sous lesquelles une fabrication locale et une diffusion à grande échelle de la Kassine pourraient voir le jour, en tant que maillon des processus en cours œuvrant à l’objectif de souveraineté alimentaire du pays. Cela afin de poser un diagnostic rationnel, pragmatique et réaliste, en vue de formuler des propositions pour de futures actions de PI au Sénégal, et bien sûr, de présenter la Kassine aux Sénégalais en tant qu’option à étudier, si possible de très près. Ses fonctionnalités, sa polyvalence, son ergonomie, son ingéniosité comme sa simplicité, sa robustesse, sa performance dans l’exécution de multiples tâches aussi bien en maraîchage qu’en grandes cultures, sa large gamme d’outils, bref, tout ce dont ne dispose pas aujourd’hui la Houe Sine qu’utilisent la grande majorité des paysans sénégalais, et qui pourtant permettrait aux cultivateurs d’améliorer et de diversifier leurs productions grâce à une mécanisation largement accrue. Tout cela sans céder aux sirènes d’une motorisation qu’on leur présente comme le progrès et la modernité mais qui mène nombre d’entre eux à la ruine, faute d’une maintenance convenablement assurée, de disponibilités en pièces détachées et de techniciens qualifiés, et d’un carburant au prix usurier d’1,50€ le litre.
C’est donc en images et en texte que s’est déroulée ici et là la présentation de la Kassine dans un premier temps, laquelle a rencontré un enthousiasme et une validation unanime parmi les différents acteurs rencontrés au cours de cette mission, organisations de producteurs, organismes de formation et d’accompagnement, jusqu’au doyen de l’INRAE sénégalais, zootechnicien qui travaille sur les enjeux de la traction animale au Sénégal depuis plus de 50 ans et qui, comme tous les autres, s’impatiente de voir la Kassine en chair et en os, et surtout en action.
MISSION SÉNÉGAL 2026
Dans ce qui constitue le bastion de la traction animale moderne en Afrique de l’Ouest, PROMMATA International a donc décidé de répondre à ce besoin criant d’innovation technologique, à la fois porteuse d’espoirs réalistes et maîtrisable par les paysans, et d’entreprendre une mission de démonstrations et de formation initiale à l’utilisation de la Kassine, ainsi que de formation des premiers futurs formateurs sénégalais identifiés au préalable. Cette mission se déroulera en Janvier prochain dans plusieurs localités du pays, première étape d’un vaste projet visant à plébisciter le MAMATA auprès des organisations de producteurs et des organismes de formation à l’échelle nationale, mais aussi auprès des autorités du pays, en vue d’obtenir leur concours financier pour subventionner l’acquisition de Kassines outillées au profit des paysans ainsi qu’elles le font depuis plusieurs décennies pour la Houe Sine.
Pour ce faire, PI a commandé la fabrication d’une Kassine sur-mesure à notre partenaire la Fabriculture et avec le concours de l’Atelier Paysan, afin d’en réduire le coût et garantir son aspect Open Source dans toutes ses composantes en vue d’un transfert de technologie total. Cet exemplaire de démonstration est aujourd’hui prêt à être acheminé vers le Sénégal pour que cette mission puisse bien avoir lieu, dans le cadre d’un partenariat initial conclu avec l’association panafricaine Jardins d’Afrique et sa ferme-école de Kaydara, soutenue par la FAO et les pouvoirs publiques sénégalais.
C’EST POURQUOI PROMMATA INTERNATIONAL EN APPELLE AUJOURD’HUI À TOUS, AUX ADHÉRENTS ET ADHÉRENTES DE PROMMATA, AUX ACTEURS DE LA TRACTION ANIMALE, ET À TOUTES LES BONNES VOLONTÉS POUR SOUTENIR CE PROJET !!!
La course face à l’arrivée encore timide des motoculteurs chinois au Sénégal est d’ores-et-déjà lancée, à nous de convaincre que la Kassine et le MAMATA incarnent une alternative beaucoup plus crédible !!!
Chacun, chacune, peut contribuer ! À la hauteur de ses moyens, de ses choix, de sa volonté… Vous pouvez adhérer à PROMMATA International, et faire un don, au besoin défiscalisable. Il suffit de peu, le prix d’un apéro au comptoir, celui d’une pizza du samedi soir, celui de la bougie parfumée dont l’absence ne gâchera en rien vos fêtes de fin d’année, celui d’un achat compulsif sans objet qui finira sur une étagère à prendre la poussière, celui d’une fringue qui finira dans un placard, celui du lien qui nous unit toutes et tous au-delà des frontières et des cultures, et davantage si vous le pouvez… CAR C’EST BIEN LA SOMME DE TOUTES LES CONTRIBUTIONS QUI PERMETTRONT À PI, ET VOUS À TRAVERS ELLE, DE FAIRE ŒUVRE DE SOLIDARITÉ AVEC NOS CONFRÈRES ET CONSŒURS DU SUD, ici en Afrique, ailleurs en Amérique Latine, et de perpétuer l’esprit de Jean NOLLE, celle de Jo BALLADE, celle de PROMMATA !
Merci à vous,
Kenavo
Ronan GALLOU, formateur et bénévole à PROMMATA International

